"AUJOURD'HUI ON EST LES OUBLIÉS"...ENTRETIEN AVEC NICHOLAS CHANAL DU NAUTIC CLUB NÎMOIS
Les clubs et le monde associatif ont été touché une nouvelle fois par les mesures sanitaires de confinement qui frappe notre pays en ce début d'hiver. Si le sport professionnel arrive a surnager malgré des mesures de huis clos, le sport amateur se retrouve à nouveau à l'arrêt. Il y a quelques jours, Nicholas Chanal, ancien nageur de haut niveau devenu Directeur Technique du Nautic Club de Nîmes dont il est aussi l'entraineur du groupe Élite m'a envoyé un message pour m'alerter sur la situation que vit non seulement son club mais dans laquelle vont se retrouver tous les responsables des sports amateurs. Car, tout le monde est d'accord pour dire que le sport pro ne peut vivre sans le sport amateur. Entretien avec ce personnage qui ne manie pas la langue de bois et qui ne veut pas que le sport amateur soit oublié. Il le clame haut et fort, il veut la réouverture des piscines...dans le respect de mesures sanitaires qui ont fait leurs preuves...
JS30: Tout d’abord pour ceux qui te connaisse pas, qui es tu?
NC: Je suis auvergnat et passionné par le sport, originaire de Vichy, j’ai baigné dès mon plus jeune âge dans le sport grâce à ma famille. J’ai pu faire mon propre chemin dans le sport en partant de la maison à 15 ans pour le Pôle Espoir/France de Font Romeu. Sportif de haut niveau en natation entre 2008 et 2011, j’ai eu une reconvention dans le triathlon jusqu’en 2014 après un retour dans ma région natale. Fort de ma formation et de mon investissement, je suis arrivé à Nîmes en 2016 comme entraineur natation course au sein du Nautic Club Nîmois. Quelques mois après mon arrivée, Gérard Portes, directeur technique à ce moment-là prenait sa retraite. J’ai eu l’opportunité de lui succéder.
JS30: Tu m’as contacté pour pousser un coup de gueule, quel est il?
NC: La situation sanitaire s’est considérablement aggravée. Je comprends que des décisions étaient indispensables pour stopper la diffusion du virus. Mais dans cette crise du covid-19, nous avançons à deux vitesses et de manière paradoxale. A ce jour, il est autorisé de pratiquer du sport dans un établissement scolaire mais pas en association. Comment se fait-il que certains sportifs peuvent pratiquer (et en ce qui nous concerne, nager) à 20km de Nîmes ? Les inégalités sont fortes et la liste peut être très longue. Mais à ce jour, au sein de notre structure, aucun cas Covid n’a été recensé auprès de nos adhérents (711 à ce jour). Nous sommes en capacité de mettre en place des protocoles strictes et adaptés comme nous le faisons depuis le 15 Juin (reprise suite au 1er confinement). Pour cela, nous avons pris des risques économiques en diminuant notre capacité d’accueil, nous avons également limité le nombre de sportif dans chaque groupe (entre 8 et 12 enfants par groupe). Malgré une baisse de 30% de nos adhérents, nous avons mis en place un système où des entraineurs ont pour mission de faire hôtesse d’accueil afin de vérifier à ce que les mesures soient respectés. Malheureusement nous sommes dépendant des infrastructures sportives et quand elles ferment, nous ne pouvons plus pratiquer.
JS30: Aujourd’hui comment les choses peuvent elles s’améliorer?
NC: Malgré les décrets sortis récemment par le ministère du sport, le Nautic Club Nîmois pourrait reprendre des activités grâce au maintien de l’activité sportive comme il est prévu pour :
• Les étudiants STAPS
• des personnes en formation continue ou professionnelle (BNSSA – PSE 1/ BPJEPS / DEJEPS)
• des sportifs sur liste ministérielle de haut niveau et espoirs
• des personnes pratiquant sur prescription médicale d'activités physiques adaptées (Sport santé)
Nous remplissons les critères cités ci-dessus. Or jusqu’à ce jour, nous n’avons toujours accès aux piscines. On nous a proposer d’aller nous entrainer dans d’autres départements avec d’autres clubs. Cela n’est pas possible. Nos athlètes sont au collège, au lycée ou à l’université. Un grand nombre de mes collègues entraineur continuent d’entrainer (à Paris, dans le nord-Est, en auvergne,…). Le monde associatif, est un système pédagogique, social et économique qui est en train de couler. A l’aube de Paris 2024… Notre sport va mal. Nous sommes un sport de sensation et nous avons besoin de passer du temps dans l'eau. 15 jours d'arrêt est égal 1 mois de reprise et réathlètisation. autant vous dire que la réalisation de certaines performances va être très compliqué.
JS30: Tu as des contacts avec la mairie de Nîmes au sujet d’une éventuelle réouverture des piscines pour les nageurs?
NC: Notre président (Gérard Portes) gère les relations avec les élus locaux. Nous échangeons avec eux depuis maintenant presque 2 semaines. La semaine dernière la réponse était négative. Depuis le 1er novembre et la parution des nouvelles listes ministérielles dans lesquels rentrent certains de nos athlètes, nous avons relancé notre requête. Après réflexion et organisation, nous devrions retrouver l’accès au bassin, mais uniquement pour 9 athlètes. A ce jour, nous attendons de savoir exactement quand et où nous pourrons reprendre l’activité. Le temps est compté... chaque jour passé hors du bassin diminue la performance des athlètes même si on s’adapte au quotidien.
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